• RESPONSABLE NATIONAL DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE TOUT AU LONG DE LA VIE:

    Gilles PILLEGRINI

     


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  • A la demande des Régions, l’ARF (Association des Régions de France) préconise la mise en place d’un Service Public Régional de Formation Professionnelle (SPRFP). Depuis, la plupart de celles-ci ont accepté le défi et font campagne en ce sens.

     A titre d’exemple, la région Centre dans le rapport de l’assemblée plénière des 18 et 19 juin 2009, précise la finalité de ce service public régional : satisfaire les besoins fondamentaux des individus au regard de la FTLV (Formation Tout au Long de la Vie) dans ses domaines de compétence. Rappelons que la FTLV comporte une formation initiale, notamment l’apprentissage, et les formations ultérieures qui constituent la formation professionnelle continue destinée aux adultes. La région Centre précise que sa compétence en matière de formation professionnelle est large mais pas toujours pleine puisque imbriquée avec celle d’autres acteurs, et avant tout avec celle de l’Etat notamment pour la formation sous statut scolaire. Elle pense que le développement de la FTLV suppose que celle-ci soit conçue et réalisée comme un processus unifié et continu.

     

    Le SNUEP-FSU réaffirme son attachement à un grand Service Public d’Education Nationale qu’on ne peut confondre avec un service public de formation professionnelle régionale. En effet la finalité de la formation professionnelle sous statut scolaire est d’offrir à l’ensemble des élèves une formation transversale qui permettra à chacun de s’adapter aux nouveaux métiers en perpétuelles évolutions. Nous rappelons que cette démarche de formation a été installée à la sortie de la 2ème guerre mondiale. Cette volonté impulsée par les forces progressistes permettait aux enfants les plus modestes de pouvoir apprendre un métier dans le cadre scolaire.

    Dans une période où le gouvernement supprime massivement des postes de fonctionnaires au travers de la RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques), la tentation serait grande de vouloir confier l’ensemble du dispositif de formation professionnelle aux régions.  Ces dernières n’ont pas toutes les mêmes moyens donc des disparités parfois importantes amènent une inégalité inéluctable entre les jeunes.

    De plus, les formations validées par le PRDF (Plan Régional des Formations) seront directement en adéquation avec les besoins émanant des entreprises locales. C’est donc le marché du travail régional qui conditionnerait la mise en place des formations.

    Le développement de l’apprentissage au travers d’un lobbying forcené du MEDEF laisse aujourd’hui, du fait de la crise, des milliers de jeunes sans possibilité de formation. Aujourd’hui, seules les formations sous statut scolaire peuvent s’affranchir des aléas économiques.

    La réforme du lycée veut réduire les 3 voies de formation à 2 : la voie générale et professionnelle. Cette dernière par le biais de la régionalisation de la formation professionnelle serait exclue de l’Education Nationale. Une fois régionalisée, il serait facile de basculer toute la formation initiale vers un seul système : l’apprentissage.

    De plus, ce système conduirait à 22 systèmes de formations professionnelles, calqués sur le modèle allemand qui aujourd’hui est en crise et cherche à se recentraliser. Cela entrainerait la suppression des diplômes nationaux.

    Pour éviter toutes ses dérives et retrouver une cohérence de la formation initiale et continue sur tout le territoire, le SNUEP-FSU se prononce pour un système de formation professionnelle unifié et national sous le contrôle de l’Education Nationale.

     


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  • Article publié dans le journal National du SNUEP-FSU N°52 ( octobre 2009)

    Le plan Langevin-Wallon, pensé comme un axe majeur vers lequel toute action éducative devait tendre, servit longtemps de référence aux diverses politiques éducatives qui lui succédèrent. Ambitieux, ce plan fut d’ailleurs le premier à concrétiser l’idée du « tous capables » en proposant une démarche volontariste pour que tous les enfants puissent  accéder à un enseignement identique, quel que soit leur niveau socioculturel, leur sexe ou encore leur lieu géographique de résidence.

     Quelques décennies plus tard, la massification scolaire est bien effective, l’obligation de scolarité existe et un cursus, quasiment unique pour tous, s’exerce sur tout le territoire au moins jusqu’à 16 ans (14 ans pour certains avec l’entrée précoce en apprentissage). Pourtant, les professionnels de l’Education le regrettent, on ne peut toujours pas parler de démocratisation scolaire. En effet, les enquêtes les plus récentes révèlent toujours un rapport ténu entre l’origine économique et sociale des élèves et la réussite scolaire. Ainsi, 80 % des élèves issus de milieux défavorisés sont orientés vers l’enseignement professionnel public et à l’inverse moins de 5% d’enfants d’ouvriers sont présents dans les grandes écoles. Ces chiffres ont souvent préoccupé les hommes politiques qui nous gouvernent, parfois sincèrement et parfois de façon très démagogique.

    Depuis 4 ans, nous le constatons, la casse de l’Education Nationale, prévue depuis la stratégie de Lisbonne (2000), est en marche accélérée : suppressions massives de postes d’enseignants, fermetures d’un grand nombre de sections professionnelles, contre-réforme universitaire, Bac Pro en 3 ans .… La décentralisation, imposée sans concertation réelle, a offert aux régions la gestion des lycées (immeubles et matériels), la gestion des techniciens ouvriers de service (TOS), de la formation continue et de l’apprentissage ainsi que le contrôle du PRDF (Plan Régional De Formation) et de certaines filières comme les formations sanitaires et sociales. Aujourd’hui ces mêmes régions, favorables aux Lycées des Métiers et à la mixité des publics, toutes réclament ce qu’elles nomment : un grand Service Public Régional de Formation Professionnelle.

     Dans une période où l’Etat se débarrasse de ses fonctionnaires, la tentation serait grande de vouloir confier l’ensemble du dispositif de formation professionnelle aux régions. Elles pourraient administrer entièrement les lycées dont elles ont la charge, pas seulement l’immobilier mais aussi les personnels. C’est un fait que les lycées sont bien mieux entretenus depuis que leur gestion est régionalisée. Or, s’il est vrai que de nouveaux établissements ont été construits, que d’autres ont été rénovés, il n’en reste pas moins que les modalités de gestion de ces établissements restent hétérogènes en fonction de la richesse des régions. N’ayant pas toutes les mêmes moyens, des disparités parfois importantes impliquent que tous les élèves de l’hexagone ne bénéficient pas des mêmes avantages. En régionalisant la gestion complète des lycées, on tendrait à s’éloigner progressivement des politiques égalitaires en termes d’Education. Si l’on soutient les principes démocratiques et égalitaristes du plan Langevin Wallon on peut légitimement s’inquiéter.

    Il en est de même pour la détermination du PRDF. Chaque région est indépendante pour conduire la carte des formations qu’elle propose ensuite aux jeunes. Ce PRDF est conçu et réalisé en fonction d’une finalité d’employabilité et bien souvent l’adéquation formation/emploi est le principal critère de choix. C’est donc le marché du travail régional qui conditionne la mise en place des formations. Or, comme nous le constatons en période de crise, mais aussi durant  les périodes qui ont précédé, le marché du travail est très aléatoire : certaines entreprises délocalisent massivement et de façon souvent très inattendue, d’autres stoppent leurs activités pour des raisons obscures, ou encore, un marché « porteur » à un moment T, ne l’est plus à un moment T+1. Tous ces facteurs d’instabilité du marché impliquent que de nombreux jeunes investis dans des formations régionales, supposées à haut degré d’employabilité, se retrouvent sans emploi à la sortie de leur cursus. La région PACA en est un exemple manifeste : suite à la délocalisation de Total –avec qui elle est partenaire, les jeunes formés massivement pour ce groupe dans les filières pétrochimiques se retrouvent majoritairement sans emploi. D’autre part, la stricte recherche de l’adéquation emploi/formation n’a jamais donné les résultats escomptés ! Il est fort à parier que si les régions prennent totalement en charge, comme elles le réclament, la formation professionnelle initiale publique, elles opèreront de la même manière. Rappelons que la finalité de l’enseignement public ne peut se réduire à de l’adaptation simpliste au seul marché du travail.  

     A l’heure actuelle, le bilan concernant la régionalisation des lycées et des formations n’est donc pas si remarquable que l’on voudrait bien nous le faire croire. Cette gestion décentralisée a en réalité contribué à augmenter les inégalités en termes d’offres et de moyens de formation. Aujourd’hui, un élève de Lille, de Marseille, ou de Tours bénéficie d’enseignants ayant reçu la même formation, qu’en sera-t-il lorsque les régions recruteront leurs personnels enseignants ? Les régions riches n’engageront-elles pas les professeurs les plus expérimentés au détriment des régions pauvres qui se contenteront des débutants, voire de contractuels en alignant leur statut sur celui des formateurs de CFA (Centre de Formation des Apprentis) ? Certaines régions ne favoriseront-elles pas outrageusement l’apprentissage au détriment des formations sous statut scolaire ? Quelle place sera réservée aux grands organismes publics de formation (AFPA, GRETA, CNAM) dans cette nouvelle architecture ? Ces questions restent certes en suspends mais il semble néanmoins assuré qu’une logique budgétaire encore plus manifeste déterminera ce prétendu Service Public de Formation Professionnelle régional. Une concertation large aurait été nécessaire avant l’annonce de sa création.

    Sigrid Gerardin


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  •  Article publié dans le journal national du SNUEP-FSU N°50 ( mai 2009)

    Le 7 janvier 2009, les partenaires sociaux signaient l’Accord National Interprofessionnel (ANI) sur la formation professionnelle (FP). Cet accord réaffirme, entre autres, le droit à une formation initiale différée.

    Le SNUEP-FSU avait déjà émis de grandes réserves sur l’idée même de la mise en place d’une formation différée. En effet, nous craignons que ce dispositif qui n’a pas montré son efficacité serve de prétexte au gouvernement pour se désengager encore plus de ses missions dans le domaine de la formation initiale. Comme nous l’avions indiqué dans le dernier journal (n°49), s’il y a mise en place de formation initiale différée, il est indispensable de réaffirmer la responsabilité de l’Etat et de lui demander de prendre en charge financièrement ce dispositif.

     

    Extraits de l’ANI du 7 janvier 2009

    « les salariés qui ont arrêté leur formation initiale avant le premier cycle de l'enseignement supérieur, en priorité ceux qui n'ont pas obtenu de qualification professionnelle reconnue, et qui souhaitent poursuivre ultérieurement des études en vue d'une promotion sociale, pourraient avoir accès à une ou des formation(s) qualifiante(s) ou diplômante(s) d'une durée totale maximale d'un an, mise(s) en œuvre notamment dans le cadre du congé individuel de formation. »

    « les salariés concernés puissent bénéficier au moment de leur départ en formation, d'un abondement financier des pouvoirs publics correspondant au coût moyen d'une année de formation. »

     

    Objectifs supposés du projet de loi :

    - Mieux orienter les fonds de la formation professionnelle vers ceux qui en ont le plus besoin, c'est-à-dire les demandeurs d’emploi et les salariés peu qualifiés ;

    - Développer la formation dans les PME ;

    - Insérer les jeunes sur le marché du travail en s'appuyant notamment sur les contrats en alternance ;

    - Améliorer la transparence et les circuits de financements et mieux évaluer les politiques de formation professionnelle ;

    - Simplifier, mieux informer, mieux orienter et accompagner les salariés et les demandeurs d'emploi.

     Un projet de loi a été rendu public le 9 avril 2009. Dans celui ci, la référence à la formation initiale différée a complètement disparu ! Par contre, le retour en force du rôle de l’Etat sur la gestion des fonds de la formation professionnelle est largement réaffirmé. En effet, cela fait quelques mois que Sarkozy lorgnait sur cette cagnotte de 27 milliards d’euros. Ainsi le texte organise la mise sous tutelle de l’Etat des fonds de la FP en proposant la co-signature du Plan Régional de Développement des Formations (PRDF) par les préfets.

    Ce projet ne reprend pas la proposition des partenaires sociaux de prise en charge financière par l’Etat de la formation initiale différée. Est-ce surprenant ? Non. En fait, depuis le début Sarkozy essaie de détourner les fonds de la formation professionnelle pour compenser le désengagement de l’Etat dans le domaine de la formation professionnelle initiale. Il n’est donc pas question pour lui de reconnaître une quelconque responsabilité de l’Etat concernant les milliers de jeunes sortis sans qualification. De plus, dans le contexte de réduction des missions et des dépenses de l’Etat, du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, le gouvernement essaie de nouveau les anciennes recettes en proposant d’augmenter les contrats en alternance (cf. déclaration de Martin Hirsch). Ainsi, dans le contexte de crise actuelle, l’Etat préfère financer encore plus les entreprises qui accepteront de former les jeunes au détriment de la formation professionnelle initiale sous statut scolaire.

    Or, en période de licenciements massifs, peu de jeunes trouveront des contrats d’alternance. C’est pour cela que le SNUEP-FSU demande à X. Darcos d’abandonner sa réforme de la généralisation du Bac Pro en 3 ans qui supprime nombre de formations et de postes d’enseignants. Il n’est pas encore trop tard pour réinvestir massivement dans la formation initiale des jeunes sous statut scolaire !

    Ce projet loi a été rejeté par la majorité des membres du Conseil National de la Formation Professionnelle Tout au Long de la Vie lors de la séance du 14 avril dernier, mais le gouvernement risque encore de passer en force.

     Jerome Dammerey


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  • La Cour des comptes vient de sortir un rapport sur « la formation professionnelle tout au long de la vie » accessible sur le site : http://www.ccomptes.fr/CC/documents/Syntheses/Synthese-formation-professionnelle.pdf

     Ce concept développé depuis quelques années prend en compte à la fois  la formation initiale (sous statut scolaire et apprentissage) et la formation continue (des demandeurs d’emploi et des actifs).

      Plusieurs constats sont faits afin d’expliquer la prétendu inefficacité du système :

    • les formations seraient largement inadaptées aux besoins des individus et des entreprises ;
    • les financements seraient insuffisamment mutualisé ;
    • l’action des différents acteurs de formation professionnelle serait faiblement cohérente.

     La Cour des comptes  propose la création de « fonds régionaux de la formation tout au long de la vie ». Les régions auraient ainsi un rôle de gestion des fonds et identifieraient les besoins  et les priorités d’actions au niveau local. Cette régionalisation de l’ensemble de la formation permettrait un meilleur pilotage des cartes de formation et une meilleure gestion des structures et des personnels. Quant à la formation initiale, le rapport souligne la mise en concurrence des deux systèmes existants (l’apprentissage et l’enseignement sous statut scolaire) et  promeut la mise en place d’un système unique en prenant pour exemple le système dual allemand.

     Le SNUEP-FSU dénonce cette vision  de « formation tout au long de la vie » qui n’a pour  objectif que de régionaliser l’ensemble de la formation professionnelle et de développer un modèle unique de formation initial, celui de l’apprentissage.

     Le SNUEP-FSU, s’est toujours opposé au développement de l’apprentissage qu’il soit dispensé dans des CFA privés,  ou dans nos propres établissements (UFA) par l’intermédiaire de CFA académique.

     Le SNUEP-FSU défend l’idée d’une formation professionnelle qui est très éloigné des conceptions dogmatiques et comptables du gouvernement actuel.

     Jérôme DAMMEREY

    Pour réagir : secteur.educ@snuep.com

     


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