• Article publié dans le ournal nation du SNUEP-FSU N°46 (Octobre 2008)

    Après l’échec de l’apprentissage junior refusé y compris par les branches professionnelles et dont l’action syndicale avait permis la suspension, le ministre de l’éducation nationale Xavier Darcos s’engage dans la même voie en promouvant sans aucune concertation avec les organisations syndicales, une filière qui semble surtout destinée à écarter du système éducatif les élèves des milieux populaires les plus en difficulté.

    La circulaire de rentrée, document censé cadrer l’ensemble du système éducatif, place dans l’une de ses 10 orientations prioritaires (« Découvrir les métiers et les formations pour mieux s’orienter ») la mise en place du «dispositif d’initiation aux métiers en alternance» (DIMA), destiné aux collégiens de 15 ans.

    Selon la circulaire officielle qui le crée, le DIMA «permettra à des élèves de collège de découvrir un ou plusieurs métiers par une formation en alternance d’une année scolaire en lycées professionnels ou en centres de formation d’apprentis… tout en poursuivant l’acquisition du socle commun de connaissances et de compétences. Objectif : se substituer à l’apprentissage junior abrogé».

    Le DIMA risque d’aboutir à la constitution d’une filière ségrégative au sein même du collège, palier d’orientation précoce (dès la classe de 4ème et peut être même de 5ème)  instigateur d’évictions anticipées du cursus général.

    Nous ne connaissons pas encore la réalité des horaires des classes DIMA et il n’y aura sûrement aucun cadrage national pour ce dispositif comme c’est souvent le cas pour  les dispositifs d’alternance en collège. Nous savons déjà que ces dispositifs engendrent nécessairement une diminution des heures de formation qui peuvent conduire certains élèves à perdre plus de la moitié  de leurs heures de cours.

     Avec une formation initiale réduite et une grande partie de leur enseignement en alternance,  ce dispositif ne permettra pas aux élèves d’acquérir les compétences et les savoirs nécessaires.  Dans ces conditions, prétendre, dans  la circulaire, qu’ils poursuivront «l’acquisition du socle commun» n’est pas sérieux. Prétendre à un socle commun et proposer aux élèves les plus fragiles,  un enseignement allégé est à l’évidence un non-sens.

    L’accès à une qualification au terme de la scolarité obligatoire n’est  plus garanti,  même au  niveau V. En effet, les fermetures de BEP résultant de la réforme du «Bac Pro 3ans» et l’offre de CAP insuffisante  vont conduire les élèves du DIMA vers la voie unique de l’apprentissage qui n’a pas vocation à former les élèves les plus en difficulté.

    Par ailleurs, les formations en apprentissage relevant des compétences, et pour une bonne part, du financement des Régions, il se trouve que l’ARF (Association des régions de France) n’est pas très favorable à de tels dispositifs : elle avait protesté contre la mise en place de l’apprentissage junior, elle dénonce aujourd’hui, l’absence totale de concertation avec le ministère à ce sujet. Il est vrai que c’est là encore un moyen pour l’Education Nationale de transférer une partie de ces missions à la région et à l’apprentissage privé.

    Hervé CROUZET

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