• Motion Éducation – Bureau National du 16 septembre 2010

    Politique de destruction du service public d’éducation !

     


    En cette rentrée scolaire 2010, le ministère se félicite de sa politique éducative et annonce que tout va pour le mieux ! La réalité est tout autre.

    Ainsi, l’effet conjugué d’une politique budgétaire qui lamine le système éducatif et la mise en place forcée de « reformes » idéologiques, avant tout destinées à accompagner les suppressions de postes, mettent le système éducatif sous très forte tension, détériorant les conditions d’accueil des élèves ainsi que les conditions de travail des enseignant-es.

    Classes « bourrelets »

    La création des classes dites « bourrelets », (l’accueil dans une même classe d’élèves issus de seconde, déjà  engagés dans le cycle du baccalauréat professionnel en trois ans,  d’élèves  achevant leur cycle de BEP mais aussi d’élèves issus  de seconde générale ou encore de CAP), condamnées à la fermeture d’ici 2 ans, a pour conséquence :

    - la gestion d’une hétérogénéité, encore jamais vue jusqu’à présent dans nos classes,

    - l’affichage par le ministère d’une augmentation du pourcentage d’études après le BEP lui permettant de claironner la réussite de sa réforme,

    - la fermeture des classes de bac pro en 2 ans -les rectorats ayant préféré en finir rapidement avec le cycle du baccalauréat professionnel en 2 ans- , avec le regroupement de l’ensemble des élèves dans les nouvelles classes de première, ceci bien sûr en privilégiant les économies réalisées en dehors de toutes considérations pédagogiques.

    Les enjeux sont ailleurs

    La réforme a profondément modifié l’offre de formation et, en supprimant les sections de BEP, elle a laissé le CAP comme étant la seule possibilité d’études courtes pour de nombreux jeunes qui ne veulent ou ne peuvent pas s’engager dans l’immédiat vers le baccalauréat professionnel.

    Ainsi, comme le souligne le rapport de l’IGAEN du 8 juillet relatif à la préparation de la rentrée scolaire,  l’offre de formation en CAP s’est fortement développée sous la pression de la communauté éducative et des familles. Elle dépasse maintenant 40% dans de nombreuses académies. Ce développement du CAP « tend à (le) repositionner  soit comme le premier palier d’une formation en quatre ans, soit, plus probablement comme voie de relégation pour beaucoup d’élèves ».

    Cette tendance risque d’avoir des conséquences négatives sur l’un des objectifs affichés par la réforme en ne permettant pas d’augmenter l’accès de ces jeunes au niveau IV. D’ailleurs, l’IGAEN constate que « le passage de CAP vers la première professionnelle fait l’objet de constats contrastés : peu optimistes dans certaines académies… ».

    Le SNUEP-FSU réaffirme que le CAP doit garder sa vocation à conduire certains jeunes à une qualification de niveau V notamment ceux issus de l’enseignement adapté et qu’il ne peut se substituer au BEP, n’ayant pas été conçu pour envisager des poursuites d’études vers le baccalauréat professionnel.

    Classes passerelles : une orientation scolaire en voie de disparition

    L’effectivité des passerelles est toujours à prouver. Sur cette question, le SNUEP-FSU a toujours affirmé que la disparition des BEP allait rendre difficile voire impossible l’accès à certaines passerelles notamment vers la voie technologique (près de 15 % des élèves de la voie professionnelle passent dans la voie technologique). Sur ce point, les propos des inspecteurs généraux ne sont pas non plus rassurants : « La majorité des académies ont prévu de traiter les demandes au cas par cas dans le cadre de procédure s déterminées, sans moyens  spécifiques et en fonction des places vacantes ! ». 

    Il est clair que sans une réelle volonté politique et sans moyens spécifiques pour rendre ces passerelles effectives, cette « reforme » va cloisonner la voie professionnelle des autres voies du lycée et de nombreux jeunes orientés, ou réorientés, en CAP ne pourront pas poursuivre leurs études au niveau du baccalauréat professionnel.

    Le SNUEP-FSU réaffirme la nécessité d’instaurer des classes passerelles (professionnelles et technologiques) qui répondent à notre ambition de l’élévation du niveau de qualification des jeunes.

    A propos de l’Accompagnement Personnalisé

    Cette mesure phare du ministère mise en place dès la rentrée 2009 devait permettre à la fois de gérer l’hétérogénéité engendrée par la réforme et de répondre individuellement aux difficultés des élèves.  Force est de constater que ce dispositif n’a pas encore prouvé son efficacité. Après une année de « transition », on ne peut pas dire que cet accompagnement a été effectif pour chaque élève et les difficultés d’organisation persistent.

     

    Le SNUEP-FSU  demande au ministère une évaluation rigoureuse de ce dispositif.

     
    Dans ce contexte, la formation continue des enseignant-es est un scandale. La problématique posée par le ministère, à savoir : «comment faire réussir plus d’élèves avec moins de temps de formation et des conditions d’enseignement dégradées », apparaît comme une équation insoluble pour de plus en plus de collègues. L’IG elle-même dresse un tableau plutôt noir de la formation et de l’accompagnement des collègues. Ils  émettent des doutes sur l’efficacité de certains dispositifs et reconnaissent que « ces dispositifs mis en place ont parfois débouché sur la contemplation du vide ! »

     

    Le SNUEP-FSU rappelle l’importance de la formation continue des enseignant-es qui ne peuvent pas, comme c’est de plus en plus le cas, porter seuls  « les reformes » décidées par le ministère !

    Pour le SNUEP-FSU,   « la réforme de voie professionnelle »  ne peut rester en l’état.

    Dispositif CLAIR : mort programmée de l’éducation prioritaire

    Le SNUEP-FSU a pris connaissance du BO du 22 juillet 2010 définissant les modalités de programme d’expérimentation Collège Lycée Ambition Innovation Réussite. Cette expérimentation fait suite aux Etats Généraux de la sécurité à l’école, elle propose à pas moins de 105 établissements, désignés (dont 17 LP et 5 LPO) de tester à grande échelle le futur fonctionnement des établissements au niveau  de la vie scolaire, de la pédagogie et de la gestion des ressources humaines.

    Le SNUEP-FSU dénonce ce dispositif dont la généralisation va supprimer à terme l’éducation prioritaire (les ZEP, REP, zone sensible) ce qui, pour les élèves de LP, constituera une régression importante. Aucun moyen supplémentaire n’est prévu !

    Ce dispositif tourne le dos à toute volonté de démocratisation en offrant un enseignement à minima. L’objectif prioritaire de cette expérimentation est un bouleversement de la gestion des ressources humaines car elle permet la mise en place de la logique de l’évolution de carrière par contrat d’objectifs et des « indemnités pour fonctions d’intérêt collectif ». Le SNUEP-FSU s’oppose fermement à cette vision ultra-libérale de l’école et de la gestion des personnels basée sur l’individualisation de la carrière et la compétitivité des personnels en dehors de tout contrôle paritaire.

     

    Le SNUEP-FSU  s’oppose à la mise en place du programme CLAIR et à toute initiative ministérielle conduisant à modifier la nature des statuts des PLP et CPE. Le SNUEP-FSU appelle les collègues à signifier leur opposition à la mise en place de ce dispositif lors des CA de présentation.

    Réforme de la formation des enseignants : un désastre !

    Cette rentrée est marquée aussi par l’arrivée des nouveaux lauréats aux concours issus de la reforme de la masterisation. L’année 2010 devait être une année de transition pour permettre son application effective à la rentrée 2011. Malgré une forte opposition de l’ensemble des organisations syndicales, le ministère a réussi à imposer ses choix idéologiques et budgétaires : jamais les conditions d’accueil n’ont été aussi dégradées ! Ainsi, ces jeunes collègues titulaires d’un M1 sont placés en pleine responsabilité, la plupart du temps à 18 heures et devant effectuer leur formation en dehors de leur temps de service.

    Sur ce dossier, le SNUEP-FSU fera tout pour aider les collègues confrontés à une situation inadmissible. Il demande au ministère de tenir immédiatement compte de ce contexte dégradé pour la future titularisation de ces enseignant-es !

     Au niveau de la formation en amont, le tableau n’est pas mieux : créations de Master spécifique  et préparations aux concours quasi inexistantes pour les étudiants voulant devenir enseignant en lycée professionnel. Sur ce point, le SNUEP, malheureusement avait prévu ce qui est entrain de se passer.

    Le SNUEP-FSU, constatant une réelle diminution des inscriptions aux concours de la session 2011, demande un bilan de la carte des formations et du nombre de candidats par discipline en regard des années précédentes.

    Le SNUEP-FSU, le SNEP et le SNES ont d’ailleurs demandé la réouverture des inscriptions aux concours des PLP et CPE. Le SNUEP-FSU continuera, avec sa fédération la FSU, à demander la remise à plat de cette réforme pour une réelle amélioration du recrutement et de la formation de tous les enseignant-es.

     

    Le SNUEP-FSU porte une autre vision de l’enseignement professionnel. Il compte bien continuer à interpeller largement l’ensemble des politiques et des partenaires sociaux pour une mise en place d’une réelle rénovation de l’enseignement professionnelle ainsi que d’autres choix budgétaire pour permettre la réussite de tous. 


     

     


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    UN NOUVEAU GOUVERNEMENT POUR CONTINUER UNE POLITIQUE DE CASSE DES SERVICES PUBLICS

      Casse de la voie professionnelle publique, casse de la formation initiale des enseignants, casse de nos hôpitaux, casse de notre système des retraites…. Ce ne sont pas des réformes qui ont été menées jusqu’à présent mais un vaste plan de casse des services publics et de ce qui fonde la solidarité dans notre pays.

     

    La reconduction du premier ministre et d’une majorité des ministres nous fait craindre que les mêmes orientations seront poursuivies en matière de politique : casse et précipitation sont les maîtres mots de cette politique.

     

     

     Précipitation sur la « rénovation » de la voie professionnelle Le gouvernement annonce toujours une prétendue volonté de revaloriser cette voie, mais c’est en fait d’une réelle démolition dont il s’agit. En effet,  le seul objectif est de masquer la suppression massive des postes. Le budget 2011 prévoit la suppression de 4 800 postes dans le 2nd  degré, principalement en collège et en lycée professionnel. Ces suppressions en LP, SEP, SEGPA et EREA anticipent dès 2011 l’effet de la réforme à la rentrée 2012 : avec la perte d’une année de formation pour les élèves, ce sont près de 10 000 postes qui sont amenés à disparaître. Le ministère et les rectorats affichent des discours volontaristes pour l’enseignement professionnel public. Or, force est de constater que c’est l’appauvrissement de celui-ci qui continue et s’amplifie au profit de l’apprentissage. Par la généralisation des CCF au détriment d’un examen ponctuel c’est, une fois de plus, contrairement à ce qui est annoncé par le ministère, une preuve du manque d’équité avec les autres voies de formation.

     

     

     Le SNUEP-FSU  réaffirme son opposition à cette réforme de la voie professionnelle, et dénonce les économies budgétaires faites sur le dos des élèves de leurs familles et des enseignants -  tout cela dans le seul but de permettre des exonérations fiscales aux entreprises et aux plus nantis.

     

     Précipitation aussi sur la réforme du recrutement des enseignants, où le ministère n’est pas capable d’attendre les premiers lauréats des nouveaux concours – au niveau Master – pour imposer dès cette année la nouvelle formule de stage à temps complet : cette réforme n’est rien d’autre qu’un moyen détourné de supprimer des postes. Plus de deux mois après la rentrée, la situation est intenable pour les professeurs stagiaires. Bon nombre d’entre eux sont amenés à prendre des congés maladie car ils n’arrivent pas à faire face à la charge de travail que nécessite un nouveau métier pour lequel ils n’ont pas été formés, certains d’ailleurs démissionnent déjà. Les élèves pâtissent aussi de cette situation puisqu’ils se retrouvent avec plusieurs professeurs sur l’année dont certains n’ont reçu aucune formation. Enseigner n’est pas une chose simple ni une aptitude innée ; comme tout métier cela s’apprend.

    Le SNUEP-FSU, comme l’ensemble des syndicats de la FSU, reste toujours opposé à la réforme de la formation des enseignants. Nous soutenons  et appelons  les stagiaires à ne pas rester isolés et à se rassembler davantage afin de porter une autre formation des enseignant-es.