• Le socle commun : une dégradation de plus dans l'éducation

     

    Article publié dans le journal National sur SNUEP-FSU N°57 ( septembre 2010)

    Le socle commun, quezako ? L'idée, sortie du chapeau de Fillon, est de mettre sur papier les « compétences » que tous les jeunes sont censés maitriser à différents stades de leur scolarité. Déjà en place dans le 1er degré, en « rodage » au collège, il arrive dans les LP/segpa/eréa et devra être appliqué cette année.

    Le socle commun est composé de trois paliers et sept « compétences ». Les paliers se situent en CE1, CM2 et en fin de cycle de collège, c'est à dire en 3ème, quelque soit sa spécificité.

    Voici la liste des compétences et leur numérotation officielle :

    1.                  maitrise de la langue française,

    2.                  pratique d'une langue vivante étrangère,

    3.                  principaux éléments de mathématiques, culture scientifique et technologique,

    4.                  maitrise des techniques usuelles de l'info et de la communication,

    5.                  culture humaniste,

    6.                  compétences sociales et civiques,

    7.                  autonomie et initiative.

    Seules les compétences 1, 3 et 6 figurent au palier 1.

    Le socle commun a été traduit en « livret de compétences », outil censé permettre de rendre compte de l'évaluation de ces compétences. Pour le palier des collégiens, la validation de certaines compétences conditionne l'obtention de Diplôme National du Brevet, c'est le cas du B2I.

    Le socle commun et le livret de compétences ont été conçus brutalement sans concertation. Ils nous sont imposés dans un contexte de détérioration massive de l’ensemble de l’Education Nationale dont nos élèves et nous-mêmes subissons les effets depuis quelques rentrées. Ces multiples contre-réformes ou prétendus projets transforment radicalement nos métiers et dégradent nos conditions de travail. Ils ont pour but essentiel de modifier la scolarité et les diplômes des élèves de façon à instaurer des « formations » visant à mettre en valeur des compétences qui seront « validées » par les équipes enseignantes. Au détriment de vrais enseignements.

    Dans le livret, il n'est jamais question de disciplines, de programmes, ou de savoirs. De surcroît, s'il est question d'évaluation, le terme d'examen est banni. Que deviennent les programmes et les examens, en particulier ici, le diplôme du Brevet ? En lycée professionnel nous connaissons les risques et les dérives du CCF, les pressions qu'il peut générer et quelle charge de travail il représente : des contenus flous et difficiles à appréhender. Une large place faite à l'oral, et un enseignement des savoir faire au détriment d’enseignements disciplinaires

    Certaines compétences ne correspondent donc à aucun savoir qui s’acquiert dans l’Ecole et ne figurent sur le livret que pour encourager et évaluer un comportement, qui se lui s’acquièrt en dehors de l’institution. C'est le cas des compétences 6 et 7, où il est question de la note de vie scolaire, de l'aptitude à s'investir dans un projet. Si dans l'absolu, il est évident que ces qualités sont à encourager et développer, comment et pourquoi les évaluer ? La société dans laquelle nous évoluons ne facilite pas le développement du sens civique pour tout le monde de la même façon. Il est d'ailleurs éclairant de lire qu'au palier 2, on exige des enfants de « respecter les autres et notamment d'appliquer les principes de l’égalité des filles et des garçons », alors que quelques lignes plus haut, les rédacteurs préconisé « l'application de la politesse dans ses relations avec ses camarades, […] et avec le maître. »

    Cette pédagogie par compétences, accompagnée d'un livret que l'on imagine devoir conserver toute sa vie, s'inscrit dans l'idée plus vaste de la formation tout au long de la vie, elle se développe au fur et à mesure que les droits et les conditions de travail des salariés se dégradent. Beaucoup de collègues des lycées professionnels connaissent cette pédagogie depuis longtemps à travers les  dispositifs de formations continue (GRETA, FCIL etc...) qui se déroulent dans nos lycées. Si l'on peut concevoir que l'on forme des adultes professionnels en développant leurs compétences pour les rendre plus performants, et cela avec des moyens humains et financiers que l'enseignement initial n'a pas (matériel, groupes moins nombreux, nombre d'heures supérieur), le SNUEP-FSU conteste l'application de ces idées à nos élèves, qui ont besoin non pas d'une formation, mais d'un enseignement qui leur donne les savoirs nécessaires pour évoluer dans la vie et la société. Cet enseignement requiert des moyens importants, il doit être le même pour tous sur tout le territoire, et pour cela, il doit être sanctionné par des diplômes nationaux. La journée d’action du 6 septembre est motivée par des revendications pour des moyens pour l'éducation, le socle commun et son livret de compétences montrent concrètement que nous avons raison.

     

    Pétition commune SNES, SNEP et SNUEP-FSU en ligne : www.snes.edu/Livrets-de-competences-lettre.html


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